Parcours de Docteurs #17 : Jérôme Ehrhart PhD

Jérôme Ehrhart PhD
Référent Deeptech chez BPI France

 

Prénom : Jérôme  Nom : EHRHART

 

📡 MASTER 2 : ingénierie moléculaire et supramoléculaire

🛰 UNIVERSITÉ : Université de Strasbourg

🏅 DATE D’OBTENTION : 2005

 

📡 DOCTORAT : Réseaux moléculaires organisés organométalliques autoassemblés pour le stockage d’hydrogène

🛰 UNIVERSITÉ : Université de Strasbourg

🏅 DATE D’OBTENTION : 2009

 

💡 SCIENTIFIQUE PRÉFÉRÉ : Albert Einstein

🚀 LE TITRE DE TA THÈSE : Conception, synthèse et caractérisation d’architectures moléculaires auto-assemblées à base de Métacyclophane

  

  • Q : Pourquoi avoir fait un doctorat ?

A : J’ai embrassé un cursus scientifique par passion pour les sciences au sens large. Tout jeune, je me suis successivement passionné pour la géologie, l’astrologie, la vulcanologie. Les phénomènes naturels ont toujours éveillé en moi cette volonté à les comprendre.

Après mon Bac S, incapable de me positionner dans un domaine en particulier, j’ai opté pour une licence généraliste en « Bio-physico-chimie ». C’est à l’issue de cette licence que j’ai choisi les sciences chimiques car centrales, à l’interface Biologie / Physique et plus en phase avec mon mode de pensée.

En master, j’ai découvert qu’on pouvait concevoir des architectures moléculaires complexes (légos) par autoassemblage de molécule simples (les briques des légos). Mieux, on peut programmer des molécules pour prédire la structure et les propriétés émergeantes de leur auto-association. Jean-Marie Lehn, éminent chimiste Strasbourgeois, avait obtenu en Nobel en 1987 sur ces concepts qu’il a largement développés. Mon Master m’a logiquement poussé vers un doctorat dans ce domaine mêlant chimie, matériau, physique. Cette science reste très fondamentale, loin de moi la volonté de changer le monde à cette époque.

J’ai fait une thèse pour la beauté de cette science multidisciplinaire et pour les possibilités infinies qu’elle offre.

 

  • Q : En quoi consiste ton métier actuel ?

A : Je suis chargé d’affaire en financement de l’innovation & référent Deeptech chez Bpifrance, la banque publique d’investissement, organe principal du financement des entreprises innovantes en France. Mon objectif, en tant que chargé d’affaire est de :

– de financer les entreprises innovantes via l’ensemble de nos dispositifs (Subventions, avances remboursables, prêts, obligations convertibles)à tous les stades de leur vie.

Mon rôle est de proposer les leviers de financements non dilutifs les plus pertinents à mes clients : les entreprises innovantes du territoire alsaciens.

 

– d’accompagner les entreprises sur toutes les dimensions imaginables (Propriété intellectuelle, gestion de projet, accès marché, règlementation, stratégie, juridique, équipe, levée de fonds, mise en relation, partenariats, export, techniques etc..).  On doit pouvoir analyser et challenger toutes ces dimensions, puis proposer des solutions sur les volets les moins bien adressés, en orientant sur des acteurs de l’écosystème, ou bien en mettant en place des accompagnements et diagnostics proposés par Bpifrance. Les solutions sont multiples.

70% des entreprises que j’accompagne sont des « start-ups », et ont donc par nature un besoin fort de ressources financières, de structuration et d’accompagnement. Une partie du métier est donc de lever les verrous existants en proposant des solutions concrètes, pour faire de ces Start-ups les pépites de demain, et c’est là tout l’enjeu des actions de Bpifrance : apporter des solutions financières, mais aussi intellectuelles, pour assurer leur développement et succès.

En bref, le métier relève autant de l’analyse -tech, PI, business-, que de l’ingénierie financière, de l’accompagnement et évidemment du financement.

J’ai en plus de ces activités un chapeau de référent Deeptech sur la région. Le terme « Deeptech » est relatif aux innovations très hightech souvent issues des laboratoires publics de recherche, très amont en termes de développement. Ces projets vont mettre un temps significatif et demander des ressources financières importantes avant d’atteindre leur marché ou un point de sortie. C’est souvent des acteurs du monde des biotech, pharma, medtech, et des nouvelles technologies autour de l’IA notamment, pour ne citer que ces domaines (non-exhaustifs). En 2019, l’état a lancé le « plan Deeptech », mis en place et opéré par Bpifrance, dont l’objectif est d’accélérer et favoriser le développement de ces entreprises Deeptech, avec des produits spécialement dédiés à leurs spécificités.

En région, on a la chance d’avoir une Université de classe mondiale, avec 5 prix Nobel en activité, très axée sur la chimie, les Sciences du vivant et la médecine, et qui forcément produit de la belle science, souvent appliquée et valorisable, via notamment la création de start-ups. Notre objectif, qui se poursuit en partenariat avec tous les acteurs régionaux (L’université, PEPITE ETENA, SATT CONECTUS, Bpifrance, 1KUBATOR, SEMIA, BIOVALLEY etc..) est de pousser les chercheurs / porteurs à créer de valeur autour des Deeptech via l’entreprenariat. Cela passe notamment par de la communication, l’organisation d’évènements divers, comme de Deeptech tour, BIG, qui visent à dédramatiser l’entrepreneuriat, à faire comprendre aux doctorants et des chercheurs les bénéfices à valoriser leur recherche : la breveter, la maturer, créer des start-ups. Cette logique de valorisation/entreprenariat demeure une nécessité pour amener une innovation vers la société.

 

Q : Peux-tu nous décrire ta semaine type ?

A : Je n’ai ni semaine type, ni journée type. Les tâches sont très diversifiées. Rencontres de nouveaux clients, prospection, instruction de dossiers de financement, accompagnement et mise en relation en fonction des besoins, organisation d’évènements, participation a des comités, jurys, formations, animation de la dynamique Deeptech en Alsace, travail sur l’attractivité d’entreprises. Le plus gros volume de travail est concentré sur l’instruction de dossiers de financement, qui est un process étalé dans le temps, hyper transverse, parfois complexe selon le client ou le dossier.

 

  • Q : Qu’est-ce que le doctorat t’apporte dans tes fonctions au quotidien ?

A : Le doctorat m’offre La possibilité d’être crédible et en capacité à échanger avec mes clients sur des sujets hautement techniques. Mes interlocuteurs sont essentiellement des CEOs d’entreprises hightech et souvent des sciences de la vie. Mon background facilite évidemment les échanges, met en confiance, et en aval, facilite l’analyse technico-économique et l’instruction des dossiers de financement. L’œil averti que m’a donné le doctorat et mes expériences d’après-doctorat m’offrent une plus-value unique avec une capacité d’analyse améliorée sur des dimensions multiples incluant celles purement techniques.  Dans le monde du financement et de l’investissement, le fait d’être en capacité à comprendre à la fois les dimensions business (financières, marché, PI, juridiques) et techniques, et les analyser dans la dynamique d’un secteur spécifique est une réelle plus-value.

Enfin, comme nombre des start-ups que je suis sont issues du milieu universitaire et sont portées en partie par des chercheurs, le fait d’avoir longtemps fréquenté les couloirs des laboratoires me permet d’appréhender leur mode de pensée. Il est fréquent que je joue le rôle de médiateur entre porteur de projet et chercheurs fondateurs, qui voient parfois la stratégie et le développement d’une Start-up d’un œil tout à fait différent. Il faut pouvoir comprendre les volontés et objectifs de chacun dans l’aventure, pour parvenir à aligner les perspectives.

 

  • Q : Quels conseils donnerais-tu aux futurs docteurs qui souhaiteraient occuper un poste similaire au tien ?

>Outre le fait de faire le deuil du « faire de la science », se lancer dans une nouvelle voie de carrière en lien avec la finance et le soutien aux entreprises implique qu’il est nécessaire de passer à nouveau par la case études, ce qui peut sembler antinomique quand on a plus de 10 ans d’études derrière soi. La science et le monde économique présentent cependant des logiques et dynamiques dissimilaires. Mener un MBA ou un Master spécialisé en management de l’innovation est une nécessité pour avoir des chances d’intégrer ce type de métier. Ce type de formation permet de remodeler son cerveau et ouvrir certains modes de pensée et obtenir ainsi une boite à outil minimal, nécessaire pour évoluer dans un milieu transverse en lien avec l’innovation.

>Le second conseil est plus général : Réseautez, partagez, échangez, donner de votre temps, donnez de votre connaissance, via tous les canaux. Le réseau forgera votre carrière, je l’expérimente tous les jours.

 

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