De la Recherche au business development, Pulchérie nous partage son parcours inspirant, ses conseils pour valoriser concrètement la recherche et son engagement pour les femmes STEM à travers l’association She STEMin Africa.
Prénom : Pulchérie
Nom : Matsodoum Nguemté
📡 MASTER 2 : Biotechnologies Végétales
🛰 UNIVERSITÉ : Université de Yaoundé 1 – Cameroun
🏅 DATE D’OBTENTION : 2013
📡 DOCTORAT : Biotechnologies et Environnement
🛰 UNIVERSITÉ : Cotutelle Université de Yaoundé 1 – Université de Strasbourg
🏅 DATE D’OBTENTION : 20 Mai 2019
💡 SCIENTIFIQUE PRÉFÉRÉ : Katherine Johnson
🚀 LE TITRE DE TA THÈSE : Phytoremédiation des sols pollués par les hydrocarbures : inventaires floristiques, évaluation des performances des espèces végétales et modélisation du transfert sol-plante des HAPs
Q : Peux-tu te présenter et nous raconter ton parcours en quelques lignes ?
PMN : Je suis Pulchérie Matsodoum Nguemte, pendant mon cursus universitaire je me suis spécialisée dans la Biotechnologie Végétale, avec des travaux de thèse qui ont débouché sur le développement d’un modèle pour dépolluer, grâce aux plantes, les sols pollués par les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAPs). J’ai pu réaliser ma thèse grâce à l’obtention d’une bourse octroyée par la fondation Schlumberger aux femmes des pays en voie de développement.
Portée par l’envie de découvrir ce qui se fait dans l’entrepreneuriat, j’ai décidé de faire une formation complémentaire qui me permettrait d’allier mes compétences au service de deux éléments qui me tiennent principalement à cœur : l’innovation et la production de valeur.
Actuellement, je travaille chez Spartha Medical, où mon rôle consiste à développer, gérer et consolider les partenariats stratégiques de l’entreprise (industriels, institutionnels, cliniciens, investisseurs et organismes de soutien à l’innovation) en vue de favoriser la croissance commerciale, l’essor des projets collaboratifs et la visibilité de l’entreprise sur les marchés nationaux et internationaux.
Q : Pourquoi avoir choisi le doctorat ?
PMN :
Je n’ai pas choisi de faire un doctorat. Je l’ai fait en quelque sorte pour avancer dans mes études. En fait, l’environnement et les réalités auxquels j’étais confrontée pendant mon cursus scolaire ne m’ont pas permis de faire les choix que je voulais.
Plus jeune, j’aurais souhaité intégrer une école de médecine, mais cela n’a pas été possible financièrement même si j’avais réussi le concours d’entrée dans une école de médecine prestigieuse au Cameroun (l’Université des Montagnes). Dans ma volonté de pousser les études aussi loin que possible, j’ai poursuivi avec le cursus LMD (Licence – Master – Doctorat) à l’Université. Aujourd’hui je suis très fière de porter ce titre de docteur et de pouvoir être une voix et un modèle pour une communauté de femmes STEM qui fait partie de l’aventure de « She STEMin Africa », l’association que j’ai créée en Février 2024 pour aider les femmes africaines non seulement, à mieux s’orienter, mais aussi et surtout les accompagner à pouvoir réaliser leur plein potentiel dans les filières et métiers STEM avec une approche à 360 degré.
Q : En quoi consiste ton métier actuel ?
PMN : Je travaille chez Spartha Medical, une spin-off de l’INSERM (U1121), spécialisée dans le développement de formulations bio-inspirées, antimicrobiennes, biocompatibles et biodégradables pour répondre aux problématiques d’antibiorésistance. Nous répondons à cet enjeu global majeur avec une approche basée sur les concepts de « OneHealth » et « Sustainability by Design ». La technologie que nous avons développée nous permet de nous positionner sur le développement de produits (pour les hôpitaux et le grand public) et d’offrir des services de personnalisation de formulations à travers un processus pouvant aboutir au licensing en passant par des études de faisabilité et des phases de co-développement.
Mes activités chez Spartha incluent le développement commercial, la gestion des relations avec nos partenaires clés, ainsi que la participation à la stratégie de l’entreprise.
Q : Comment as-tu trouvé ton métier actuel et qu’est-ce qui t’a attiré dans ce métier ?
PMN : J’ai intégré Spartha à l’issue de ma formation post-doctorale (Master IPI – Ingénierie des Projets Innovants de la Faculté de Sciences Economiques et de Gestion de l’Unistra) il y a 5 ans. J’ai connu les débuts de l’entreprise (elle-même créée il y a 5 ans) et je suis très reconnaissante d’avoir contribué, et de continuer à contribuer, aux différentes étapes de développement de l’entreprise.
Plus particulièrement, je dirais que je suis sur le point d’atteindre mon objectif post-doctoral : contribuer à la valorisation concrète d’un résultat de recherche scientifique. En effet, la technologie Spartha est un essaimage de l’unité 1121 de l’INSERM (Biomatériaux et Bio ingénierie) et nous sommes sur le point de démarrer les essais cliniques de notre produit médical, un kit de spray qui sera utilisé par le personnel médical pour prévenir les infections nosocomiales et favoriser la guérison des patients. L’obtention du marquage CE et de la certification FDA seront pour moi un aboutissement important. Pour y arriver, nous sommes en cours de levée de fonds en série A. Dans la même lancée, nous démarrerons d’ici peu une campagne de crowdfunding via la plateforme WiSEED pour finaliser le développement et lancer la commercialisation de notre premier produit grand public qui est un soin cutané naturel, sûr et durable pour calmer efficacement les rougeurs et irritations.
Q : Qu’est-ce que le doctorat t’apporte dans tes fonctions au quotidien ? Est-ce que tu utilises des compétences que tu as acquises pendant ton doctorat dans ton métier actuel et si oui, lesquelles ?
PMN : On pourrait citer tellement de compétences que l’on retrouve chez les docteurs et qui sont utiles pour mon poste : la communication, l’esprit d’analyse, l’expertise scientifique, l’esprit critique, la résolution de problèmes, la gestion de projet, etc. Toutefois, une formation complémentaire ou une expérience en vente et communication commerciale pourrait être nécessaire pour combler certains écarts entre la Recherche et le business. D’autres compétences utiles à acquérir pour bien réaliser ses missions dans mon poste seraient le réseautage, la résilience, la gestion de l’échec, l’étude de marché, l’analyse concurrentielle ou encore la segmentation de clientèle.
Q : As-tu eu des mentors ou des modèles qui t’ont inspiré ?
PMN : Oui, j’ai été inspirée par plusieurs mentors dans le monde professionnel, à savoir mes encadrants de thèse et certain.e.s ainé.e.s académiques. Leur soutien a été très utile pour mon intégration et mon évolution professionnelle et personnelle. Cependant, j’aimerais souligner le fait que pendant une bonne partie de ma vie, j’ai été mentorée par une personne qui n’avait même pas connaissance du fait qu’elle le faisait. Cette personne qui fait partie de mon cercle familial m’a permis, inconsciemment ou pas, de développer une capacité d’adaptation et un esprit de bon sens qui s’expriment dans tout ce que je fais.
Q : Quels conseils donnerais-tu aux futurs docteurs qui souhaiteraient occuper un poste similaire au tien ?
PMN : Chers/chères docteur.e.s, dans le monde du business, la valeur perçue du produit ou du service est un élément clé pour déclencher l’acte d’achat chez le consommateur/client.
Vous êtes déjà expert.e dans votre domaine. Si en plus de cela, vous réussissez à maîtriser les codes du marché, à améliorer votre proposition de valeur et votre personal branding, la valeur perçue de votre expertise prendra une dimension exponentielle. N’oubliez pas que vous avez un potentiel brut inexprimé et que c’est seulement quand vous en aurez la pleine conscience que vous en ferez le meilleur usage. Pour cela, croyez en vous, sortez de votre zone de confort, formez-vous, osez essayer et ne vous découragez pas par des échecs éventuels.
Q : As-tu des recommandations de ressources (livres, podcasts, médias) à partager ?
PMN : Pour les docteurs qui veulent se reconvertir, je conseillerais :
Et pour mon public de femmes dans les STEM, je conseillerais « Chère Ijeawele, ou un manifeste pour une éducation féministe » de Chimamanda Ngozi Adichie, un livre où elle partage ses réflexions personnelles sur l’égalité des genres, déconstruisant les stéréotypes et promouvant une éducation basée sur l’autonomie et la liberté.
Pour les docteurs et pour toute personne qui souhaite faire un métier comme le mien, je conseillerais également de se former à travers des MOOCs, par exemple sur LinkedIn Learning, Coursera, ou HubSpot Academy.
