
Parcours de Docteurs : Mariem Omrani
Prénom : Mariem Nom : Omrani
📡 MASTER 2 : Ingénieur agronome – spécialité productions végétales
🛰 UNIVERSITÉ : Ecole d’ingénieurs AgroSup Dijon
🏅 DATE D’OBTENTION : 2015
📡 DOCTORAT : Génétique quantitative et pathologie végétale
🛰 UNIVERSITÉ : Université d’Avignon et des Pays du Vaucluse
🏅 DATE D’OBTENTION : 2018
💡 SCIENTIFIQUE PRÉFÉRÉE : Katherine Johnson, première femme afro-américaine ingénieur spatial à la NASA qui de par son travail précurseur sur les calculs de trajectoire a rendu possibles des missions comme Apollo 11. Un modèle de persévérance et de résilience hors du commun dans le contexte socio-culturel que nous connaissons aux Etats-Unis dans les années 60…(le film les figures de l’ombre est à voir absolument !)
🚀 LE TITRE DE TA THÈSE : Caractérisation des déterminants génétiques et moléculaires liés à la résistance au dépérissement bactérien chez l’abricotier et analyse de risques associés.
Q : Peux-tu te présenter et nous raconter ton parcours en quelques lignes ?
MO : Je suis un « pur produit » du secteur public ayant suivi mes études en tant qu’élève-ingénieur fonctionnaire puis enchaîné avec un doctorat à INRAE et plusieurs expériences professionnelles dans l’administration étatique. Je relève plus précisément du corps des Ingénieurs de l’agriculture et de l’environnement rattaché au Ministère chargé de l’agriculture.
Servir l’intérêt général dans le secteur de l’agriculture et l’alimentation, à enjeu crucial et confronté aujourd’hui à tant de défis aussi bien sociétaux, environnementaux, économiques que de santé publique a été ma principale source de motivation dans mon orientation.
J’ai également toujours cherché à tisser comme fil conducteur dans mon parcours l’interface science-politique et la dimension européenne et internationale, car l’alimentation et l’agriculture ont besoin plus que jamais de science, d’innovation et que les efforts pour se faire se doivent d’être interconnectés : nous serons 10 milliards d’êtres humains à nourrir en 2050, et ce faisant de manière durable et respectueuse des limites planétaires, défi de taille à relever en commun !
Q : Pourquoi avoir choisi le doctorat ?
MO : Par curiosité intellectuelle, je trouve le domaine de la génétique passionnant et mon expérience de mémoire de fin d’études en laboratoire m’a conforté dans le choix de poursuivre cette expérience qui m’a beaucoup appris tant en connaissances que sur moi-même.
Mon sujet de thèse avait une dimension très appliquée et consistait à identifier les régions génomiques de résistance à une maladie de l’abricotier particulièrement préoccupante en Vallée du Rhône, principal bassin de production. Mêlant expérimentations et acquisition de données en parcelle et laboratoire, statistiques et modélisation, mes travaux m’ont permis de toucher à tout un spectre de disciplines.
“La réflexion scientifique entre intuition, empirisme et démonstration a un côté particulièrement stimulant. Pouvoir apporter sa petite pierre (aussi modeste soit-elle) à l’édifice de la connaissance sur un sujet novateur donne énormément de sens à l’expérience de doctorat.”
Je savais en revanche en me lançant dans cette expérience qu’elle serait à priori éphémère, mon corps de fonctionnaire m’orientant plutôt vers une carrière dans l’administration.
Q : En quoi consiste ton métier actuel ?
MO : La fonction publique d’Etat regorge de beaucoup de dispositifs d’évolution de carrière permettant de diversifier son parcours notamment en interministériel. Tout en relevant du Ministère de l’Agriculture, je travaille ainsi en tant qu’agent mis à disposition, depuis un peu plus d’un an au sein du Ministère de l’Europe et des affaires étrangères sur la coopération internationale en matière de recherche et de formation agricoles.
A l’interface d’un panel d’acteurs, mon travail consiste à apporter un appui aux partenariats internationaux en matière d’agriculture durable au Sud, et en particulier en Afrique, dans un esprit de synergie entre les dimensions recherche, innovation, formation, création d’emplois et développement notamment en matière de mise à l’échelle de l’agroécologie.
Je travaille à l’élaboration de la politique internationale de la France en matière d’agriculture durable et de sécurité alimentaire et nutritionnelle et au développement de programmes de recherche-action en la matière mobilisant nos instituts de recherche (CIRAD, INRAE, IRD), les établissements d’enseignement supérieur agronomique, l’Agence française de développement et nos partenaires du Sud.
Je conduis mes missions depuis Paris avec le souci constant de bénéficier des remontées de terrain (notamment via les ONG investies dans le développement agricole en local et via le réseau diplomatique et les ambassades) et des besoins exprimés des partenaires institutionnels du Sud (autorités locales, organismes de recherche…). Du local au global, c’est l’ingrédient clé pour élaborer et conduire une politique connectée aux réalités de terrain.
Q : Comment as-tu trouvé ton métier actuel et qu’est-ce qui t’a attiré dans ce métier ?
MO : Cela s’est fait via une campagne de mobilité comme il est classique d’y passer dans la fonction publique d’Etat. Nous sommes particulièrement encouragés si ce n’est pas incités à changer de poste régulièrement afin de diversifier les parcours et compétences.
J’ai tout de suite accroché avec la dimension de coopération internationale et le dialogue avec la sphère recherche, qui me parlaient beaucoup avec en plus l’opportunité nouvelle de toucher au monde de la diplomatie, dont la science est une des multiples composantes. Mon équipe au Ministère est un véritable melting pot de cadres techniques (agronomes, vétérinaires) et de diplomates, ce qui est une véritable richesse en termes de regards croisés et d’expertise sur les dossiers.
Q : Qu’est-ce que le doctorat t’apporte dans tes fonctions au quotidien ? Est-ce que tu utilises des compétences que tu as acquises pendant ton doctorat dans ton métier actuel et si oui, lesquelles ?
MO : Enormément de choses tant en termes de compétences que de méthodes de travail en plus d’une certaine résilience et capacité à gérer les frustrations (qui n’a pas connu de multiples épisodes de tâtonnement et de remise en question en thèse ?).
Etant au quotidien en contact avec des chercheurs, mon expérience de doctorat me permet d’appréhender la réalité de leur travail, leur environnement au-delà de comprendre leurs sujets de recherche en tant que tel. Cela apporte une force de légitimité et de crédibilité dans le dialogue, en particulier quand on vient du monde de l’administration.
Le sens de l’analyse, de la synthèse, de la communication et en particulier de la vulgarisation sont également des compétences clés que j’exploite aujourd’hui pour apporter des messages percutants et des recommandations aux décideurs politiques (qui n’ont évidemment pas le temps de lire des notes à rallonge…).
Q : As-tu eu des mentors ou des modèles qui t’ont inspiré ?
MO : Pas nécessairement de figure modèle précise, plutôt certaines rencontres qui m’ont guidée sur le chemin. Je pense notamment à la passion communicative de mes deux co-encadrants et au pragmatisme de Monsieur ou Madame Toutlemonde qui m’ont toujours confronté à la nécessité de rendre la science accessible et de développer des solutions concrètes qui touchent leur quotidien (Imaginez la tristesse d’étals de marchés estivaux sans abricots ! 😉)
Q : Quels conseils donnerais-tu aux futurs docteurs qui souhaiteraient occuper un poste similaire au tien ?
MO : “Il faut véritablement voir l’expérience de doctorat comme un tremplin et non pas une fin en soi.”
Je recommanderai vivement d’anticiper son insertion en cultivant son réseau dès la première année (conférences, salons, networking…) et en saisissant toutes les opportunités qui se présentent pour développer ses « soft skills » (enseignement, vulgarisation scientifique…).
Il est également important de déconstruire l’idée préconçue selon laquelle la suite logique d’un doctorat est une carrière longiforme dans la recherche académique. Les institutions publiques, que ce soient des Ministères, des agences d’appui, des organes de conseil/audit/évaluation des politiques publiques, sans parler des organisations internationales regorgent d’opportunités et ont également besoin de docteurs parmi leurs rangs pour appréhender des sujets complexes qui nécessitent un regard d’expert. Mon parcours m’a permis de constater que nos homologues européens ont moins ce regard cloisonné et que les docteurs sont bien mieux insérés dans la diversité des carrières publiques.
Je pense enfin que le doctorat permet d’acquérir une grande capacité d’adaptation telle que tout s’apprend et qu’il ne faut pas avoir peur de se laisser tenter par le changement, même si cela dépasse sa zone de confort. Les profils de « couteaux-suisses » sont de plus en plus valorisés dans les carrières professionnelles, y compris dans le public. Le corollaire à cela n’est donc pas de vous autocensurer lors de candidatures sur des postes qui sur le papier ne semblent pas coller parfaitement à votre profil. Il est vrai que les recruteurs ont parfois des attentes spécifiques mais après tout le mouton à 5 pattes se fait plutôt rare et ils se montrent le plus souvent sensibles aux spécificités et originalités que vous pourrez apporter au sein de leur équipe.
Q : As-tu des recommandations de ressources (livres, podcasts, médias) à partager ?
MO : L’excellente quotidienne de vulgarisation scientifique « La Terre au carré » de Mathieu Vidard sur France inter, je l’écoute en différé pour me mettre à jour des divers sujets à l’interface science-société avec une focale environnement-écologie, en écho à mon travail.
Lors de la thèse, pour se détendre, prendre du recul et réaliser que l’on est loin d’être seul(e) : les planches de PhD comics sur les réseaux sociaux, un classique qui parle à tout doctorant(e) 😊
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